lundi 28 janvier 2019

Le Parisien - un centre de santé pour lutter contre la désertification médicale

Face au spectre du désert médical, la mairie rivalise d’ingéniosité, mais surtout de générosité, pour attirer de nouveaux praticiens.

Ne parlez surtout pas du manque de médecins à Janine. Cette Villecresnoise de 70 ans est aujourd'hui obligée de faire dix kilomètres pour trouver un praticien qui accepte de prendre le relais de son généraliste parti en retraite fin décembre dernier. « C'est lamentable de ne plus pouvoir se faire soigner dans sa ville », fulmine cette retraitée désormais suivie à Brunoy (Essonne).

Avec seulement trois généralistes pour 10 000 habitants, la commune est touchée de plein fouet par la désertification médicale. « Si on ne fait rien, ça va être la catastrophe, prévient le maire (LR) Gérard Guille. C'est un combat de tous les jours, la santé est notre priorité, on ne ménagera pas nos efforts », insiste-t-il. Il faut donc trouver un remède et vite. Seule solution pour attirer de nouveaux médecins, créer un centre de santé au loyer attractif.

Un investissement de 150 000 €
L'élu mise tout sur les avantages financiers. « Aujourd'hui, si un jeune praticien doit payer plus de 1 500 € de charges par mois, il n'est pas intéressé », indique-t-il. La structure de plus de 200 m2 pourrait ouvrir ses portes d'ici la fin de l'année, dans la zone des ateliers de Beaumont (à côté du centre technique). Elle permettrait d'accueillir 4 médecins généralistes. Mais encore faut-il avoir des candidatures… « Nous allons réaménager le bâtiment pour un coût d'environ 150 000 € », annonce Gérard Guille. Une bonne nouvelle pour les habitants. Car ici, ces dernières semaines, après le départ en retraite d'un généraliste, plusieurs indicateurs sont vite passés au rouge. Difficultés à trouver un médecin traitant, allongement à près de 15 jours de délai pour obtenir un rendez-vous sans urgence chez l'un des trois généralistes présents sur le territoire.

Villecresnes. Le docteur Thierry Favreau reçoit entre 22 et 35 patients par jour.

Chez le docteur Elbaz, dès l'ouverture du cabinet aux consultations sans rendez-vous, près de 19 patients attendent déjà. Et chaque jour, la salle ne désemplit pas. « On a un rythme effréné nous obligeant à refuser de nouveaux patients », explique Joël Elbaz, installé depuis plus d'une quinzaine d'années dans la commune.

Avec plus de 60 heures par semaine, il faut savoir tenir la cadence. « On s'en va vers une catastrophe sanitaire. On n'est pas à l'abri de passer à côté d'une pathologie », craint le docteur Thierry Favreau, débordé jusqu'à 22 heures. Il reçoit entre 22 et 35 patients par jour en plus de ses consultations à domicile. Pour lui, ces mesures d'incitation à l'installation ne seraient pas suffisantes.

« Les jeunes de nos jours ne veulent pas s'embêter avec toutes les démarches administratives et n'acceptent plus de devoir travailler plus de 35 heures par semaine, poursuit le médecin, âgé de 52 ans. Ils cherchent l'équilibre entre leur vie familiale et leur vie professionnelle et préfèrent s'associer à d'autres. Ils ont sans doute raison. »

Source : http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/villecresnes-un-centre-de-sante-pour-lutter-contre-la-desertification-medicale-28-01-2019-7998897.php

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